Projet en cours

Renforcer la résilience des femmes face aux changements climatiques dans la province du Kanem au Tchad

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OBJECTIF PRINCIPAL :

Contribuer au renforcement de la résilience des femmes de la Province du Kanem pour une adaptation réussie aux chocs et variations climatiques

OBJECTIFS SPÉCIFIQUES :  

  • Améliorer durablement la productivité des bassins de production agropastorale
  • Améliorer durablement l’accès à l’information climatique et à la préservation de l’environnement
  • Améliorer durablement l’accès à l’épargne et au crédit

RÉSULTATS ATTENDUS :

  • Résultat 1 : L’accès des femmes à la terre est amélioré et les ouaddis* sont sécurisés
  • Résultat 2 : Les ouaddis* sont réhabilités pour un meilleur rendement
  • Résultat 3 : Les initiatives génératrices de revenus et d’épargne sont développées et diversifiées
  • Résultat 4 : L’information climatique est vulgarisée
  • Résultat 5 : Les connaissances différenciées sur la thématique du changement climatique sont évaluées

*Vallées des zones arides ou semi arides propice pour les activités de maraichage

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Environnement
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  • Environnement
  • Agri-agro
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Compétences recherchées
  • Recherche de financement
Type de partenariat
  • Mécénat
Financement
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Les femmes en zone rurale forment 40% de la population totale. Elles constituent les piliers de la production agricole et de la sécurité alimentaire en général. Au Kanem, dans la zone sahélienne, au champ ou derrière le bétail, c’est d’elles que dépend la survie de la population. Dans cette communauté agropastorale, les femmes, moteur de production agropastorale sont chargées de faire la cuisine avec ce qu’offre la nature. Elles s’évertuent donc à la protéger afin que les animaux aient un bon pâturage, un bon embonpoint et qu’ils produisent du bon lait pour l’alimentation du ménage et la commercialisation du surplus. Les femmes nomades connaissent parfaitement les terres et sont en première ligne pour observer le phénomène du réchauffement climatique. Avec les effets néfastes du changement climatique, ces femmes assistent impuissantes à une chute drastique de leur production agropastorale (récolte ne couvrant que 3 mois des besoins de l’année, déficit fourrager de 40%) et une dégradation de leurs conditions de vie.  Le revenu consacré à l’éducation des enfants baisse et la disparition des plantes médicinales dont elles maitrisent l’usage impacte négativement la santé du bétail.  Désertification, l’abaissement de la nappe phréatique, ensablement des ouaddis[1] sont les résultats frappants du dérèglement climatique. En effet, les femmes, pour chercher du combustible (bois de chauffe) et de l’eau, sont obligées de parcourir de longues distances (plusieurs kilomètres) à pieds, augmentant non seulement leurs charges de travail domestique mais aussi leur exposition aux risques sécuritaires.

Le système des castes, encore très présent dans le Kanem concerne surtout le groupe des « Haddad » (« les forgerons »). Leur mise à l’écart social et économique serait accentuée par l’impact du changement climatique car les ressources naturelles locales s’amenuisent. Le système social fortement patriarcal avec des pouvoirs décisionnels et le contrôle des ressources concentrés entre les mains des hommes laisse les femmes dans une situation de vulnérabilité chronique.

La confrontation des impacts des changements climatiques aux capacités d’adaptation des moyens d’existence des femmes a mis en exergue leur vulnérabilité élevée et liée à de leur forte dépendance aux activités agropastorales saisonnières.

En 2012, le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) a reconnu le rôle essentiel des peuples autochtones dans la lutte contre le réchauffement climatique. En ratifiant la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) dès 1993, le Tchad s’est engagé pour la protection de l’environnement au niveau international. Un Programme d’Action National d’Adaptation aux Changements Climatiques (PANA – Tchad) a été élaboré en 2009 pour identifier les besoins urgents et immédiats des populations pour faire face aux effets négatifs des changements climatiques.

C’est dans ce contexte que ACF met en œuvre depuis quelques années des projets de résilience socioéconomique au profit des femmes dont l’engouement croissant et la motivation pour les activités maraichères, l’élevage, la transformation et la commercialisions des produits et sous-produits agropastorales et autres activités génératrices de revenus, les caisses villageoises d’épargne et de crédits etc., n’est plus à démontrer. La présence des Ouaddis, le savoir-faire local des femmes, l’existence des marchés ruraux et transfrontaliers sont autant d’opportunités que ces femmes doivent davantage exploiter pour s’adapter au changement climatique. Toutefois, l’exploitation des ouaddis par les femmes reste limitée en raison : i) du faible accès à la terre ; ii) de la faible maîtrise des techniques de production, iii) de la forte pénibilité de l’aménagement de ces sites et l’exhaure manuelle de l’eau, iv) du manque d’équipements agricoles adéquats, v) de la dégradation continue de la productivité des ouaddis du fait de l’ensablement, etc.

 

STRATÉGIE D’INTERVENTION SUR CE SUJET :

Plusieurs études ont confirmé la vulnérabilité des femmes face aux changements climatiques et l’émergence de nouveaux besoins multidimensionnels et multisectoriels à adapter à leur spécificité pour renforcer leurs capacités de résilience.

A travers ce projet, ACF poursuit l’accompagnement durable des femmes du Kanem dans la construction de leur résilience face aux changements climatiques, entamé depuis quelques années et ayant déjà donné des bons résultats.  ACF entend apporter des réponses à des besoins spécifiques diagnostiqués au fur et à mesure de l’implémentation des programmes déjà en place qui sont :

  • L’amélioration durable de la productivité des bassins de production agropastorale

Pour limiter les dégâts et valoriser les potentialités locales disponibles, des actions urgentes sont nécessaires. En effet, les ouaddis qui sont les champs et terres agricoles de la région du Kanem, sont menacés par l’ensablement (avec une réduction de la superficie exploitable, un rétrécissement du lit majeur, un risque de débordement des eaux et inondation des berges, des terres de cultures et des habitations). De même,  la nappe phréatique est de plus en plus profonde (avec un rabattement nécessitant de moyens d’exhaure adéquats, durables et respectueux de l’environnement), la mauvaise gestion de l’eau d’irrigation (notamment le gaspillage de l’eau, ressource rare au sahel, le mauvais équipements et manque de formation), ainsi que la baisse de la fertilité des sols (engendrant la perte des rendements, accompagnement en techniques de récupération et de valorisation de terres), mais aussi   le manque d’encadrement technique de proximité (insuffisance des agents technique de l’Etat, faible vulgarisation agropastorale, déconnexion des techniques innovantes), et enfin la non diversification des cultures (pas cultures fourragères alors que la zone est aussi pastorale, la spiruline peu valorisée, l’arboriculture et l’agroforesterie peu développées) etc.

  • L’amélioration durable de l’accès à l’épargne et au crédit :

Les femmes du Kanem diversifient peu leurs activités génératrices de revenu, ce qui les rend très vulnérables aux chocs climatiques. ACF a initié avec elles des activités de transformation des produits et sous-produits. Ces initiatives doivent être améliorées, innovées et renforcées par l’exploitation des opportunités nouvelles, non agricoles comme la valorisation des salines (exploitation des natrons), le petit commerce, la fabrication des foyers améliorés pour réduire la consommation du bois et protéger les femmes et leurs bébés du monoxyde de carbone libéré par la fumée, etc. Par ailleurs les institutions de microfinance doivent être encouragées à s’installer dans la zone pour appuyer les initiatives de groupements de femmes.

  • L’amélioration durable à l’accès à l’information climatique et à la préservation de l’environnement :

Les femmes qui pratiquent les activités agropastorales saisonnières ont besoin d’avoir accès aux prévisions climatiques afin de planifier conséquemment leur campagne. L’absence de « Groupes Thématiques Climat » parmi les femmes ne favorise pas cet accès. C’est pourquoi l’organisation des femmes en plusieurs clubs environnementaux sera une innovation qui les encouragera à chercher, à produire et partager la donnée climatique mais aussi de vulgariser l’approche pépinière communautaire. Le recours aux radios communautaires locales sera un atout pour plus d’impact.

ACF utilisera une approche d’adaptation aux changements climatiques axée sur la gestion durable des ressources naturelles via la promotion d’initiatives innovantes ayant un impact durable sur l’environnement, comme les aménagements hydro agricoles, les systèmes solaires d’irrigation, la valorisation des connaissances indigènes et l’introduction des cultures innovantes. Les Champs Ecole Paysan orientés vers la transition agro écologique en lien avec l’analyse des agroécosystèmes, la pratique de lutte contre l’ensablement, la lutte mécanique et biologique contre la désertification, la fabrication des bio pesticides, etc. seront vulgarisés.

[1] Vallées des zones arides ou semi arides propice pour les activités de maraichage

ACTIVITÉS :

  • Activité 1 :

Dans une zone agropastorale, la divagation des animaux est une contrainte dans la mise en place des cultures maraichères. La clôture des ouaddis est donc indispensable pour réduire non seulement le risque de conflits entre les femmes et les éleveurs mais surtout de libérer les enfants pour aller à l’école. Ces derniers sont en charge de la surveillance des sites de production contre la divagation des animaux. De même, l’équipement en moyens d’exhaure moderne (panneaux solaires) respecte l’environnement et permet aussi de réduire la pénibilité et le temps passé sur l’arrosage des cultures de 6h à 2h. Les femmes peuvent dégager du temps pour mener leurs activités génératrices de revenus (AGRs) et leurs travaux domestiques.

  • Activité 2 :

Il s’agit de rentabiliser les Ouaddis, en renforçant leur exploitation durable à travers le désensablement (sur creusage, ouvrages antiérosifs pour la protection physique de berges), l’implantation des haies vives (protection biologique), la promotion de l’agroforesterie et les pratiques agricoles smart. Les femmes seront accompagnées dans la préparation, la restauration des sols, l’aménagement, l’équipement et la mise en valeur des périmètres maraichers. Ces derniers seront équipés en pompage solaire, en réseau californien et en clôture grillagée renforcée par les haies vives. Elles seront formées en techniques de gestion rationnelle de l’eau d’irrigation sur tout le système : de l’unité de production de l’eau (forage), lors de son transport (canalisation) et pendant son application (parcelle). L’intégration agriculture-élevage sera vivement encouragée via l’approche Champ Ecole Paysan. Des semences, des intrants, des outils et un encadrement de proximité leur seront apportés pour viser la diversification de leurs activités agricoles: maraichage, vivrier, arboriculture, agroforesterie, fourrage (par exemple la luzerne, très nutritive) et embouche. Ces activités seront conduites en collaboration avec les services techniques de l’agriculture et de l’élevage.

  • Activité 3 :

ACF renforcera les capacités des groupements féminins dans la vie associative, le plan d’action, le marketing et la gestion financière. Des microprojets de transformation et commercialisation des produits, sous-produits agropastoraux et non agricoles seront financés. Des initiatives innovantes telles que la fabrication et la vente de la spiruline, des foyers améliorés (économie du bois de cuisson, réduire la coupe abusive du bois, soulagement des femmes), du natron (prisé par le bétail dont les chameaux), la fabrication du fromage (réduire la perte du lait non transformé) seront fortement encouragées. L’approche « associations villageoises d’épargne et de crédit (VSLA) » sera renforcée via par la mise en réseau des groupes d’épargne existant et leur connexion avec les institutions de micro finance.

  • Activité 4 :

ACF organisera des formations aux femmes sur le changement climatique, les prévisions saisonnières, l’impact du climat, le plaidoyer en faveur de la préservation de l’environnement, la mise en place des clubs environnementaux élargis aux jeunes filles et garçons. L’approche Education Environnementale Efficace, « Triple E », pilotée par les femmes sera développée. Des pluviomètres seront installés dans le champs et dans les villages, des sensibilisations, des animations des émissions radio sur le climat seront conduites. La promotion des pépinières communautaires et le reboisement des espaces en voie de dégradation seront réalisées par les femmes avec l’appui du service de l’environnement.

  • Activité 5 :

ACF organisera des enquêtes CAP au début et à la fin du projet pour apprécier les connaissances, attitudes et pratiques des populations (femmes, hommes, jeunes, agriculteurs, éleveurs transhumants, etc.) sur le climat. L’enquête initiale permettra d’adapter le contenu des messages de sensibilisation et des formations. L’enquête finale mesurera l’impact des activités menées dans le cadre de la vulgarisation de l’information climatique.

Résilience des femmes face aux aléas climatiques au Tchad
6 septembre 2021
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