De l’eau pour SOKOMEY

Le Diagnostic réalisé au village de Sokomey a mis en exergue un ensemble complexe de problèmes, se rapportant essentiellement à la grave crise de l’eau et l’absence d’assainissement qui bouchent depuis longtemps tous les horizons à une population pauvre et désemparée.

Tous s’accordent à « le manque d’eau et l’assainissement » comme les problèmes majeurs qui maintiennent Sokomey dans un état élevé de vulnérabilité, accroissant par-là la pauvreté de ses habitants. Les raisons du traumatisme de manque d’eau et l’état d’isolement du village ainsi que les conséquences qui en résultent sur le mode de vie dans la cité, sont déclinées ainsi:

1) Approvisionnement en eau

Sokomey ne dispose d’aucune seule source d’eau potable propre. Les habitants du village s’approvisionnent au niveau du village voisin Ganviécomey et qui sert en même temps d’autres villages voisins ! Il s’agit d’un forage, le seul, réalisé par un prêtre pour les villages environnants ! (Photo ci-contre). Plus tard, la mairie de Sô Ava a entrepris de réaliser des bornes fontaines à Sokomey avec des robinets, alimentées à partir d’un forage situé au village voisin de Houédo-Gbadji. Malheusement, ce projet est resté à l’arrêt depuis plus de deux années en raison d’une panne de la pompe. Aujourd’hui cette infrastructure est tombée en désuétude

L’unique source d’eau du village de Ganviécomey est souvent le théâtre de conflits qui éclatent entre les femmes qui assurent la corvée d’eau. Ces dernières font le va et vient en pirogues pour remplir des bassines de 30 litres chacune au prix de 25 Fcfa les 150

Qualité de l’eau du forage. Les villageois considèrent que l’eau du forage est insalubre, mais ils n’ont pas le choix. Avant de la boire, ils la laissent se décanter pendant une journée afin que les résidus se déposent au fond des bassines. Cela dure depuis longtemps car deux initiatives étrangères, constatant la contamination de l’eau, ont fourni aux villageois (i) des pastilles Aquatabs pour prévenir les diarrhées et les troubles intestinaux [Equipe américaine] et (ii) des bidons filtrants entreposés aux abords du forage [mission de la Croix Rouge]. Les bidons filtrants n’ont vraiment servi. Ils ont été exposés au soleil et endommagés

Collecte et usage de l’eau de pluie. Pendant la saison des pluies (avril-juillet et septembre-octobre), les ménages recueillent l’eau de pluie à travers les toitures en tôles de leurs demeures pour leur consommation. A l’occasion, les femmes utilisent aussi les eaux stagnantes des excavations pour leur vaisselle et leur lessive.

2) Problème d’assainissement

L’école et le centre de santé n’ont pas de blocs de latrines ! Le village non plus est dépourvu de latrines publiques. Les habitants défèquent à l’air libre et dans le lac, polluant ainsi l’environnement. L’ensemble de nos interlocuteurs ont exprimé le manque de latrines publiques dans le village comme préoccupation majeure des habitants. Il faut noter qu’entre 2006 et 2013 l’arrondissement de Houédo Aguekon a vu la construction de plusieurs latines publiques, dans les écoles et les centres de santé. Mais le village de Sokomey, malgré sa forte population, n’a pas été doté de services sanitaires !

3)  Insuffisance du service de santé
Le centre de santé d’arrondissement, tenu par des aides-soignants, est démuni de moyens. C’est surtout l’absence d’une sage-femme au dispensaire qui est grandement ressentie dans le village. Le centre face essentiellement aux cas de maladies diarrhéiques. Les diarrhées et les vomissements sont les principaux symptômes causés par l’eau contaminée du forage qui amènent les patients vers le dispensaire. Sinon, les habitants n’éprouvent pas le besoin de se rendre au centre de santé s’ils n’ont pas d’infection due notamment à l’eau souillée ! Nos interlocuteurs déplorent la situation du personnel médical qui refuse de s’installer au village en raison du problème de la qualité de l’eau. Raison qui dissuade également les enseignants de demeurer au village.

4) Enclavement du village de Sokomey
La position géographique du village de Sokomey, à cheval entre un plan d’eau sous forme d’ilôt dérivant du lac Nokoué et un vaste territoire agricole (terre ferme), n’est pas à son avantage si on en croit nos interlocuteurs qui soulèvent le problème de l’obstruction des voies d’eau par la jacinthe d’eau, d’une part, et celui de l’implacabilité des chemins boueux en saison de pluies, d’autre part, qui isolent le village et empêchent l’accueil des gens au village et toutes activités d’échanges entre les villages. Le transport par pirogue devient excessivement cher et la circulation des voitures et des motos devient difficile. De ce fait, la revente d’eau sur le lac par exemple, comme cela se fait dans d’autres villages, est impossible à Sokomey en raison du coût du carburant et du transport